Le laboratoire

Une histoire comparée des villes au Moyen Âge

En partenariat avec le CIHAM et le LAMOP, le laboratoire junior VilMA organise les 24 et 25 février 2011 le colloque « "Arriver" en ville : les migrants en milieu urbain au Moyen Age. Installation, intégration, mise à l’écart ».

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Le laboratoire junior VilMA (Histoire comparée des villes au Moyen Age. Territoires, réseaux, identités) a commencé ses activités en septembre 2008 et mène un programme de recherche sur l’histoire des villes médiévales. L’équipe de recherche regroupe de jeunes médiévistes, anciens élèves ou élèves de l’ENS de Lyon, dont les recherches portent sur des espaces variés et les conduisent à s’interroger sur le concept même de ville appliqué au Moyen Âge, sur la pertinence de l’objet urbain et sur ses limites.

L’étude du phénomène urbain a constitué durant les dernières décennies, un pan important de la discipline historique en général, et à l’ENS de Fontenay-Saint-Cloud en particulier, ainsi qu’en témoignent les activités passées du Centre d’Histoire Urbaine. Néanmoins, ces recherches dont l’apport a été considérable ont peut-être conduit à poser comme une donnée par trop évidente les contours et les réalités de la ville. La ville des historiens, médiévistes compris, reste une construction intellectuelle, qui a donné lieu en particulier à toute une floraison de monographies depuis les années cinquante, et dont la finalité heuristique manifeste, sans être foncièrement remise en cause, doit aujourd’hui être interrogée à l’aune de nouvelles directions de recherche qui, depuis le tournant majeur de la sociologie des acteurs et son application à l’étude des stratégies et des réseaux, invitent à explorer les logiques qui traversent et structurent la ville mais qui la dépassent également.

Dans cette perspective, au croisement de différentes orientations actuelles de la recherche, ce laboratoire junior se propose de réunir des médiévistes, élèves de l’ENS de Lyon, anciens élèves de l’École ou étudiants de l’Université de Lyon, apportant chacun ses centres d’intérêt dans l’idée d’approfondir et d’affiner la compréhension du phénomène urbain. Pour cela, il se donne pour but d’ajouter à l’interprétation classique de la ville comme une somme, une concentration de pratiques sociales, une vision "à la limite", associant étroitement la ville à ce qui la parcourt, la dépasse ou éventuellement l’exclut, mais contribue aussi à la façonner. Il s’agit d’étudier comment les acteurs s’approprient les espaces, les emboîtements et chevauchements de juridictions, les statuts et identités politiques (et notamment civiques) ou religieux, en fonction de stratégies qui leur sont propres et ne sont pas réductibles au fait urbain, mais qui prennent part à sa définition.

A ce déplacement de focale correspond aussi une certaine unité dans les sources et les approches des participants au projet. D’un point de vue méthodologique, la prosopographie est un outil incontournable d’identification de ces multiples acteurs qui parcourent la ville en tous sens et, par voie de conséquence, des relations tissées à l’intérieur comme à l’extérieur de la cité ; et du point de vue des sources, cette approche correspond dans l’ensemble au déplacement d’intérêt de la recherche actuelle vers les sources de la pratique (notariales, fiscales, comptables…).

La diversité des sujets de recherche des membres du projet constitue un autre atout non négligeable, qui sera mis à profit dans le cadre d’une approche doublement comparatiste : dans les thèmes abordés (fiscalité, migrations et identités civiques, notariat et pouvoirs administratifs, pratique religieuse et implantation des ordres mendiants…), mais aussi dans l’espace. En effet, si l’Europe méditerranéenne est particulièrement bien représentée (Espagne, France du Sud, Italie), différents contrepoints pourront être trouvés, à la fois au sein même de l’espace méditerranéen (monde musulman) et dans des régions plus septentrionales (Angleterre, mondes germanique, slave et scandinave). Cette variété thématique et régionale, loin d’être conçue comme une simple juxtaposition de situations, est résolument mise au service du projet général énoncé plus haut, dont elle permettra d’explorer diverses facettes, donnant ainsi à chacun l’opportunité d’élargir son approche par une confrontation des sources et des problèmes et une mise à l’épreuve des avancées et hypothèses.